Màj 19 octobre 2024
Tempêtes géomagnétiques plus puissantes qu’attendues
Lorsqu’une éruption solaire se produit du côté de la Terre, un flot de rayonnements et de particules énergétiques vient s’ajouter au vent solaire habituel. Quelques jours après, l’afflux de particules parvient dans l’environnement de la Terre.
Comme expliqué dans la page qui discute de la dérive des pôles, un champ magnétique terrestre normal joue le rôle de bouclier : il dévie les particules et les oriente vers les pôles magnétiques.
Là, elles entrent en contact avec la stratosphère. Ce flot de particules provoque l’ionisation d’atomes de la stratosphère et l’émission de lumière visible qui se manifeste par les aurores boréales (côté nord) et australes (hémisphère sud). Autrement dit, un bouclier efficace ce traduit par des aurores confinées aux régions polaires.
Cependant, lorsque le flot de particules est trop intense par rapport à la capacité du bouclier géomagnétique, une partie vient interférer avec les couches stratosphériques et atmosphériques inférieures, provoquant une « tempête géomagnétique » dont les manifestations sont :
- des perturbations des ondes électromagnétiques : ruptures de communications radio, défaillances de systèmes électriques et électroniques (coupures du réseau électrique, feux de transformateurs, coupures d’internet…) ;
- l’ionisation d’atomes de la stratosphère et l’apparition d’aurores (plutôt rouges que vertes).
Ainsi, le phénomène de tempête géomagnétique est non seulement lié à la puissance d’une éruption solaire mais aussi à l’efficacité du bouclier magnétique.
Le fait est qu’il arrive de plus en plus souvent que des éruptions solaires provoquent des tempêtes géomagnétiques dont les puissances surprennent les organismes spécialisés (NASA, NOAA). BD a commenté plusieurs de ces situations :
- vidéo Unexpected Solar Storm – Another Bad Sign (juin 2024 – 3’30) ;
- vidéo Another « Unexpected » Solar Storm (avril 2024 – 3’30)
- vidéo Unexpected Solar Storm | Earth’s Magnetic Defenses are Weakening (février 2024 – 6′) ;
cette vidéo présente un article publié le même mois intitulé Multi-process driven unusually large equatorial perturbation electric fields during the April 2023 geomagnetic storm – web – pdf. Cette étude confirme le caractère inattendu de l’ampleur des perturbations des champs électriques au niveau de l’équateur lors de la tempête 24 avril 2023.
Le raisonnement est le suivant : la précision dans la mesure des caractéristiques d’une éruption solaire (puissance, orientation, éjection ou non d’une masse coronale « CME ») n’ayant pas changé, une erreur de plusieurs ordre de grandeurs dans la prédiction de l’intensité d’une tempête indique que le bouclier magnétique n’est plus aussi efficace que ce qui est modélisé.
Aurores boréales visibles à basses latitudes
L’apparition d’aurores boréales à basses latitudes est un des effets possible d’une tempête géomagnétique. Le raisonnement précédent s’applique donc à cette situation.
Par exemple, en mai 2024, des aurores boréales ont a été observées jusqu’à Puerto-Rico. Les précédents sur cette région remontaient à 1859 et 1921, résultants d’éruptions de puissance X80* et X50 respectivement (à l’époque, les puissances étaient estimées à partir d’un effet concomitant appelé « crochet magnétique »). Or les éruptions qui ont causé les aurores de mai n’ont pas excédé X3 (l’impact d’une autre éruption, de puissance X5, n’était pas encore arrivé).
La vidéo intitulée S0 News May.12.2024 (mai 2024 – 12′) présente :
- l’exemple évoqué ci-dessus ;
- un récapitulatif des nombreuses situations similaires observées depuis 2023 ;
- une comparaison avec les statistiques d’observations similaires dans les décennies antérieures.
Dans la vidéo Solar impact comparison (mai 2024 – 3’40), le tableau de comparaison suivant est commenté :
En France métropolitaine aussi des aurores boréales ont été observées récemment (novembre 2023, mai 2024, octobre 2024). Les quelques articles de grands médias que j’ai consultés expliquent l’apparition de ce phénomène à ces latitudes par la puissance des éruptions solaires, éludant complètement le fait que de tels phénomènes n’étaient pas observés antérieurement malgré des éruptions de puissances comparables.
* les éruptions solaires sont répertoriées par classes de puissance : A, B, C, M, X, chacune de ces classes correspondant à une puissance 10 fois supérieure à la classe précédente.
Dans la classe X, X10 désigne une éruption 10 fois plus puissante que X1, X20 est 20 fois plus puissante, etc…